C'est une histoire de plume.
Pour certains, je suis un drôle d'oiseau avec des côtés très chouettes. La réalité, c'est qu'aujourd’hui, oisillon, je ne suis plus et je ne m'en plains pas. Lisez donc.
j'ai décollé du nid familial, il y a déjà pas mal de temps et maintenant, je prends la plume pour un vous conter l'histoire d'un envol plein de gracieuses maladresses et d’enthousiasmes incompris et mal reçus.
Actuellement, je vole de mes propres ailes, mais il n'en a pas été de même lorsque j'étais oisillon.
En 1964, j'avais déjà une grande sœur, mais une petite sœur arriva et avec elle ma vie changea. À ce moment-là, j'avais l'âge de raison et certaines choses ne tournaient plus très rond autour de moi. On comptait un oisillon de plus dans le nid douillet et pour papa et maman oiseau ce ne fut pas une sinécure, car le nouvel oisillon était né avec une fragilité certaine et cela nécessita que l'on s'en occupât plus que les autres. L'équilibre était rompu. Ça gazouillait plus trop à la maison.
Ce fut un bouleversement aux conséquences profondes pour tous les petits et grands oiseaux de la famille. Chacun y laissa des plumes, mais ce ne furent pas les mêmes."Handicapé un jour, handicapé toujours, on est tous des handicapés ! " disait mon cousin Achille en regardant son douloureux talon. Il n'avait pas tort mon cousin grec.
Être parent et devoir affronter tous les problèmes inhérents à la santé déficiente de son enfant est une épreuve qui peut être longue et douloureuse pour toute une famille. Parents et enfants ne sont pas automatiquement dotés des qualités nécessaires et suffisantes pour faire face sereinement à ce genre d'épreuve où se mêlent étroitement affectif, intuitif, cognitif, psychologique, dit et non-dit. Nous ne sommes pas tous préparés équitablement pour affronter ce genre d'épreuve interminable. Nous la subissons et puis à travers un processus d'apprentissage nous essayons de la supporter, mais nous en gardons des séquelles plus ou moins visibles, plus ou moins bien cicatrisées.
"Au pays de la pommade et des tranquillisants, tout va très bien !" me disait hier encore en chantant un employé de la Marquise de Ventura*.
La vie m'en avait mis un coup sur le bec, mais un peu plus tard, en bon résilient qui s'ignore, cela ne m'empêchera pas de décoller de mon nid.
Fin du 1er épisode.
* C'est un clin d’œil à la chanson "Tout va très bien madame la marquise", un des grands succès de l'orchestre de Ray Ventura.
Au mois de juin prochain, je fêterai mes 69 ans et aujourd'hui, ma mère « fête » ses 97 ans.
RépondreSupprimerLe temps passe et la vie avec elle, rien de plus normal et de plus banal. Derrière cette banalité, se cachent des réalités fantastiquement différentes. Aucune vie ne se ressemble, chacun a la sienne. C'est par les détails que l'on voit ce qui nous différencie. Ce sont les détails de notre vie qui font ce que nous sommes. J'avais un fort désir d'aller les regarder de plus près ces détails, et de les raconter à ma façon.
Je ne sais combien d'articles, j'écrirai, mais comme j'en écris actuellement un second, cet article est indubitablement le premier.